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jeudi 25 décembre 2014

Chronique d'une visite au pays des Trolls...

(Republication d'un petit compte-rendu décalé qui avait trouvé place une première fois sur Facebook.)

Samedi 23 avril 2011, j’avais mis le cap sur Mons (Hainaut belge). Du 22 au 24 se tenait au Lotto Mons Expo (tout un programme) la quatrième édition du festival « Trolls & Légendes », censément « le festival de toutes les fantasy ». Pourquoi pas ? J’attendais une ambiance (je n’ai pas été déçu), des découvertes (le marché féerique – ou mieux médiéval – y a pourvu) et des rencontres (je savais que nombre d’acteurs du milieu fantasy/SF se devaient d’y être).

Il faisait à peu près caniculaire, et je n’étais peut-être pas dans le meilleur état d’esprit en quittant ma voiture après un Liège-Mons qui n’aurait dû se concevoir qu’entrecoupé de ravitaillements réguliers en eau glacée… Mais j’avais trouvé l’endroit (déjà pas évident pour un non-Montois). Ayant acquitté mon écot, j’étais prêt à toutes ces découvertes susdites.

Les expos, pas mal. Beaucoup de dragons, mais il s’agissait du thème de l’année. Dommage que le gigantesque Bernie Wrightson fut réduit à quatre dessins, mais bon… Il n’a pas dû dessiner beaucoup de dragons. Quelques œuvres un peu scolaires, également, passons. Entré sous la halle de Mons Expo (8 000 m2), on repère les lieux. Le partage est rapide : entre la Brasserie du Troll farci (indispensable), le marché et la convention des jeux, l’espace dévolu à la BD et à la littérature apparaît un peu coincé. Pourtant, le festival fait grand cas des auteurs invités à venir signer. Ah ouiche… (J’y reviens.)

Arrivé vers 10:30 hrs, je me décide à flâner en me promenant au travers des allées du marché, dans la halle et dehors. Soleil de plomb, encore et encore… Honnêtement, j’ai fait de belles trouvailles, prouvant (mais je n’en doutais pas) que l’amateur de fantasy et de marchés médiévaux peut proposer autres chose que des armes ou des figurines d’elfes ramasse-poussière. De beaux grimages. Des trucs celtes, inévitables. De superbes carnets reliés plein cuir. Des herbes et des épices. Même quelques bouquins de SF soldés… J’ai même failli acheter une réplique de la baguette de Severus Rogue, parce que j’aime bien Alan Rickman – ou alors de celle de Voldemort, par simple mauvais esprit…

J’attendais un peu les visages connus. Je me suis décidé pour une cuvée des Trolls, puis j’ai refait un tour. Mal m’en a pris.

J’écoutais deux folkeux courageux, un violoniste et un joueur de biniou plutôt doués. Courageux, parce que presque personne, parmi tous ceux qui passaient, ne s’arrêtait vraiment pour les écouter, fut-ce un petit moment. Et paf ! Un grand balèze bardé de cuir, plus haut que moi, manque de m’éborgner lorsqu’il se glisse entre moi et le podium, son épée à large garde portée dans le dos (c’est la mode) tournoyant à quelques centimètres de ma paire de lunettes. Bon, ce sont les risques du métier. Un peu plus loin, je tente d’approcher des tables réservées aux auteurs, pour me retrouver confronté au long (très long) serpent des admirateurs de Robin Hobb, invitée d’honneur. Je serai clair : je n’ai personnellement rien à reprocher à Robin Hobb ni à ses fans. Chacun a droit à sa place sur terre, et je ne sais pas ce que je ferais si un festival de SF accueillait Greg Egan. Mais ce sont de très nombreux fans, justement. J’ai tenté de faire le tour de l’espace réservé aux choses écrites et dessinées, pour me retrouver face à des files similaires rayon bande dessinée. Difficile de se frayer un chemin. Par dépit, je me suis glissé du côté des tables de jeu, mais là, on voudra bien m’excuser, ce n’est vraiment pas ma tasse, ni de thé ni de philtre quelconque.

J’avais vaguement cru entrevoir une ou deux têtes connues : André-François Ruaud, Xavier Mauméjean. Quelques autres avec lesquels j’aurais bien aimé faire connaissance : Justine Niogret, Marie-Charlotte Delmas, Charlotte Bousquet, Nathalie Le Gendre… (Facebook, c’est bien, mais la vraie vie, c’est pas mal non plus !) Les fans de l’Assassin Royal m’en ont dissuadé. Je n’ai même pas trouvé le stand d’ActuSF.

Je me disais que j’allais au moins voir passer ceux qui avaient confirmé leur présence : Sara et Yal, Anne Smulders… Je suis retourné boire une bière et manger un truc (il était passé midi), et j’ai scruté la foule.

Puis, ce doit être dans ma nature, j’en ai eu un peu marre. « Trolls & Légendes » ? Un beau festival. Mais un peu trop d’armes pour moi. Un peu trop de déguisements. (Ce doit être du parti pris, je m’en excuse, mais lors des conventions de SF, doit-on se costumer en Bobba Fett pour se sentir exister ?) Surtout, un peu trop de foule. Et pourtant, je le répète, tout était remarquablement fait. Il y avait un type au chapeau à la Gandalf qui exhibait un oiseau de proie au plumage superbe. Dans la foule médiévale, une fille costumée plutôt steampunk. De quoi boire et manger.

Mais trop peu de livres, dédicaces mises à part. Trop de difficultés à aborder ceux auxquels on aurait voulu parler, un peu plus que quelques instants. Le sentiment que, justement, le livre et ses auteurs constituaient la part congrue entre les jeux de rôle, le marché et la bouffe. Bon, un festival, ce doit être du commerce. Je le reconnais. Mais bon.

J’ai un peu bu, j’ai attendu, je n’ai vu passer personne, et j’en ai eu trop marre.

Alors j’ai quitté les Trolls, je suis allé me perdre dans un centre commercial contigu, et je me suis offert le dernier roman d’Umberto Eco, « Le Cimetière de Prague ». Dommage, dommage…

Ah oui, je me suis arrêté pour boire une petite bouteille de Chaudfontaine (il faisait toujours aussi chaud) à Strépy, sur cette aire d’autoroute d’où l’on peut voir le grand ascenseur à bateaux. Le paysage me souffle toujours autant.

Allez, dans deux ans, si les Trolls sont toujours vigoureux, je reviendrai. Avec ma propre masse d’armes.

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