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samedi 14 novembre 2015

Des mots pour Yal...


Depuis son départ, de plus en plus, surviennent ici et là des témoignages concernant Yal, qui disent la difficulté d’avoir à s’exprimer face au vide que sa disparition nous laisse. (Bien entendu, cette phrase est déjà fausse en partie – ce vide que nous pensons ressentir est tout sauf vide, puisque Yal nous fait parler, le bougre, et surtout parce que tous ses écrits sont là qui demeureront l’un des plus beaux témoignages de celui qu’il fut.) Pour moi, chaque jour depuis ce triste matin qui ne peut pas se faire oublier, je contemple un espace blanc sur un fond bleu : j’ouvre Word et je tente d’écrire quelque chose.
(J'aime beaucoup cette photo. Son auteur excusera je l'espère cet emprunt.)

J’échoue.
J’aurais tant voulu sinon dire quelque chose lors des funérailles, au moins remettre un mot à Sara.
J’ai échoué.
Puis les témoignages que je citais ont commencé d’exister dans cet espace que l’on prétend virtuel mais qui témoigne pourtant plutôt bien de nos vies – de la même manière qu’on peut le faire autour d’une table de bistrot. Jusqu’à ce moment, même dans cette virtualité, j’ai échoué encore à parler de Yal.
Alors peut-être devrais-je simplement dire, en peu de mots, ce que rencontrer Yal a pu être pour moi, dire brièvement les trop rares moments qui nous ont réunis, lui qui était à la tête de tant de mots et moi de si peu.

mardi 13 janvier 2015

La Perte-en-Ruaba accueille Michel Jeury...

(Michel Jeury est décédé le 9 janvier 2015 à Vaison-la-Romaine.)

J’ai découvert Michel Jeury au travers de l’immensité d’un écrivain qui m’a de suite subjugué lorsque j’avais aux alentour de vingt ans. Quarante ans et quelques poussières plus tard, c’est l’homme Jeury qui demeure le plus profondément inscrit dans l’orbe et la roue des souvenirs qui tournent en moi.
Certes, j’ai relu voici quelques années un grand pan de l’œuvre de Michel dans l’optique d’un article qui fut un pur bonheur à écrire, car il me semblait que je le lui devais. Et du Jeury, cela me fait toujours le même effet aujourd’hui que lors des premières lectures : un choc et un plaisir intense. Une prose telle que celle du Temps incertain, qui entraîne son lecteur à ne plus se poser les questions de la forme et du fond, car l’un implique nécessairement l’autre, demeure une œuvre que l’on ne peut placer que parmi les plus importantes du siècle dernier, je pense.